des maux aux mots
La grâce
Quand ton regard se pose
Bruissement lyonnais
Regarder la ville autrement
L'entendre gronder, respirer
Le rythme te prend,
Le pas s'accélère,
Est-ce la cadence de la vie de la ville ou la fuite de la déshumanisation ?
Sous quel prisme la regarder?
Se poser et réfléchir sur le monde
Où la destructivité et la créativité coexistent,
Quel rôle avons-nous à jouer ?
Avons-nous vraiment le choix ?
Sommes-nous condamnés, pauvres humains, à nous autodétruire?
Résister, créer, tenir,
Est-ce encore possible ?
Rêver, en avons-nous encore la possibilité ?
Fascinée, je peux être devant la beauté du Rhône qui masque les multiples conteners,
Je contemple la froideur de ce système, après avoir bu plus d'un verre,
Mon silence fait place au vrombissement des véhicules qui défilent,
Je finirai par m'endormir, à plat sont mes piles
Bercée tout de même
Par la répétition bruyante de ce système
Septembre 2023
Quand la haine t’effleure.
Quand la haine, la haine, la haine
La haine t’effleure, t’effleure, tes fleurs, tes fleurs fanent.
Quand la haine t’effleure, tes fleurs fanent.
Tes fleurs, dans le jardin, se meurent.
Se meurent, dans le jardin, tes fleurs quand la haine t’effleure.
T’effleure, dans le jardin, la haine de tes fleurs.
La haine de tes fleurs se meurt dans le jardin.
La haine de ton jardin fait faner tes fleurs.
Quand la haine t’effleure,
Quand la haine
Quand la haine de tes fleurs t’effleure dans ton jardin, tu meurs.
SoF
Couloirs
Dans les couloirs de l’hôpital, les taches sur les murs, dégoulinent.
Le crachat s’invite sur le sol, la raclure, l’ordure, le déchet.
Un coup de pied dans la merde. La merde, tu la sens? Elle est là, la merde.
Et moi, je suis où moi? Mon Moi est passé où? Il est là? Dedans, dehors, hors de moi? Je suis hors de moi dedans ces murs. Et ça pue. Je suis dans la merde moi, là. Tu pues, je pue, nous puons tous dans cette puanteur.
Les crachats, les crrrrrrachats.
Les crrrrrrrrachchchchchats. BeurK, les crachats beurkkk.
Je suis où moi? Je suis là pourtant, mais moi, je suis pas dans moi. Je suis dans l’univers, mon moi est dans l’univers, tout là-haut, loin.
Mon Moi de 18 ans s’est perdu en psychiatrie. Mon Moi de 18 ans, s’est perdu. Je suis pas perdu Moi. Mon Moi de deux ans, il est là. Il attend le biberon. C’est comme le café.
Madame la psychologue, je peux boire le café avec vous, comme un premier biberon. Je suis content. Comme un premier biberon.
Mon Moi de 18 ans, il était beau.
CRrrrrrrrachat. Beurk. J’ai le sourire, madame, boire un café avec vous madame c’est comme un premier biberon.
Mon Moi, il est là-dedans, mais dehors maintenant, enfermé par les murs.
SoF
MMSE
Déambulations, mouvement, déambulation, mouvement.
Déambulation, déambulation. Mouvement, avancer, stop. Reculer, stop. Avancer, s’arrêter. Rencontrer. Ren-contrer.
Dire bonjour, dire bonjour, dire bonjour. Demander quel jour on est.
Quel jour sommes-nous?
Quelle année?
Quel étage? Quel département?
Bonjour! Quelle jour sommes-nous? Quel jour sommes-nous? Quel jour sommes-nous?
J’ai buggé.
Mon cerveau a explosé.
Placard.
Un beau matin d’hiver, l’air frais caressait mes joues.
Mes poumons étaient remplis d’air, ma tête pleine de lectures, mon cœur d’amitié.
Le sourire était invité sur mon visage.
Un beau matin d’hiver, au travail.
Un beau matin d’hiver, j’ouvre la porte de mon bureau, ma tête pleine de lectures, mon cœur d’amitié.
J’ouvre la porte de mon bureau, un manteau ne m’appartenant pas était posé sur mon fauteuil, mon bureau était déplacé.
Un beau matin d’hiver, j’ouvre la porte de mon bureau au travail, et ce n’est plus mon bureau, tout a été déplacé. Mon cœur était plein d’amitié, ma tête pleine de lectures.
Quand je suis arrivée au travail, j’ai ouvert la porte, et puis je l’ai refermée.
J’ai refermé la porte de mon bureau qui était occupé par un manteau que je ne connaissais pas.
Un beau matin d’hiver, au travail, j’ai ouvert la porte de mon bureau, puis je l’ai refermée. Une dame m’a annoncé que mon bureau était occupé, mes affaires étaient déplacées.
Un beau matin d’hiver, l’air frais caressait mes joues, j’avais la tête pleine de lectures, mon cœur était plein d’amitié.
Male-entendu
- Alors ? Tu restes ?
- Veux-tu me serrer dans tes bras?
- T’es trop près, on se voit à un autre moment ?
- Et là, je suis bien, là ?
- T’es où ? Je te vois plus, t’es trop loin ! Reviens !
- Vas-tu me serrer dans tes bras ? Passer tes mains sur mon corps plein de désir?
- Viens-là bella.... Ahhhh J’ai peur, va-t-en !
- Veux-tu ma langue sur ton pénis? C’est ce que veulent les hommes, non?Sens-tu mes mains effleurer tes cuisses?
- Tu me colles trop, mais reste dans mes bras !
- Sens-tu mes lèvres chaudes gonflées et humides? Les vois-tu?
- Garce, que t'es bonne...... Ahhhhh J’y arriverai pas ! Eloigne-toi !
- Tu me fais des papouilles dans le dos alors?
- Tu m’en demandes trop !
- Et là, ma langue sur ta bouche entrouverte? Et ma langue dans ton oreille?
(ajustement des corps)
- Et là, tu la sens entrer en toi doucement? Alors? Ça vient?
- Mets tes mains sur ma taille, et fais-moi vibrer! Vas-y!!!
- Alors, ça vient?
- Encore un peu, vas-y! Encore!!!!
- Ça va venir!!!!!!
- Encore un peu, vas-y encore! Ça vient!
- Zut...
Alzheimer 1
Murmures, entre les murs, fantômes du passé, morts oubliés, mémoire réveillée.
Chuchotements, ombres qui me suivent, et me murmurent les exils, la Retirada, les enfants morts, les parents perdus, les maisons brûlées, l’usine explosée.
Murmures, entre les murs, se faufilent à bas bruit, les fantômes du passé. Les cadavres sortent du placard, et témoignent enfin à l’oreille qui écoute.
"Il est où mon enfant? Il est mort."
"Elle est où maman?"
"Mes valises, refaire et défaire mes valises. J’ai plus ma carte d’identité! Elle est où? Ils me l’ont prise. Je n’ai plus ma carte d’identité! Qui je suis? Je ne me rappelle plus qui je suis.
Murmures entre les murs, exil. Elle a passé la frontière, avec une seule valise.
Elle fait et défait sa valise, chaque jour.
Alzheimer
Elle a passé la frontière, avec une seule valise, on lui a pris ses papiers.
En EHPAD, on retire les papiers.
Alzheimer 2
- Elle s’appelle comment? Que faisait-elle dans la vie? Qu’aimait-elle?
- Doliprane, poids, température, constantes?
- Elle a combien d’enfants? Elle a un mari? Elle a aimé?
- Poids, température, constantes? Biologie? Doliprane.
- Elle a des amis? Elle avait une activité? Une passion?
- Poids, température, examens, radios, Doliprane.
- Elle aime la musique? Et qu’aime-t-elle manger?
- Poids, température, tension, glycémie, sans sucre le doliprane.
- Elle aime la poésie? Les films? La peinture?
- Poids, température, appareils auditifs, doliprane.
Contamination psychique
J’ai mon corps qui a gelé au travail.
J’ai laissé mon corps au travail, ma tête est pleine d’histoires.
Ma mâchoire est serrée, mon corps n’a plus de peau pour m’envelopper, j’ai besoin de tes bras.
Mon corps a refroidi au travail.
J’ai envie de tes bras autour de moi, sentir tes mains dans mon dos pour me rappeler que j’en ai un. J’ai envie de sentir ta peau contre la mienne pour me rappeler que j’en ai une. Une peau qui me recouvre tout entière.
Peau contre peau.
J’ai mon corps qui a gelé au travail.
Tes bras autour de moi, ta bouche qui dépose un baiser sur mon épaule. J’ai des épaules, je me rappelle, grâce à toi.
Tes mains, qui caressent mon dos, ma taille, mes hanches, mes cuisses, ma tête, me font réapparaître.
J’ai failli disparaître au travail.
Tes mains dans mes cheveux rassemblent mes pensées.
J’ai laissé mon corps au travail, réveille-moi !
Frotte bien fort dans mon dos pour me réchauffer, j’ai froid !
J’ai mon corps qui a refroidi au travail.
Mon corps s’est gelé quand j’ai entendu son histoire se déposer dans le creux de mon oreille.
Réchauffe-moi!
J’ai laissé mon corps au travail, j’ai peur de le perdre à tout jamais.
Rattrape-moi s’il-te plaît! Agrippe tes mains à mon corps et ne le laisse pas partir trop loin! Frotte bien fort s’il te plaît.
Il est où mon désir? Il s’est envolé? Réchauffe-moi encore! Vite! Réveille mon corps.
J’ai mon corps qui s’est gelé au travail.
Serre-moi bien fort que je sente ton corps contre le mien. Que je puisse parcourir et sentir le tien.
Que je sente à nouveau mes seins frissonner, ma vulve gonfler de désir!
Que je sente à nouveau l’envie d’être pénétrée, sentir la chaleur de ton sexe en moi et me faire sentir exister.
J’ai mon corps qui s’est gelé au travail, j’ai eu peur.
Fais-moi jouir, que je sente comment je suis vivante contre toi.
J'ai eu peur de mourir au travail.
La courageuse patiente
Image de l'eau, la mer
La tête hors de l'eau
mer agitée légèrement
Le ciel est gris, menaçant
Elle nage péniblement, garde le rythme de la brasse,
Et par moment,
se prend quelques tasses
Au loin l'horizon, devant
derrière, quelques petites maisons
Elle nage péniblement
Garder le rythme
jusqu'à la côte, en face,
Les vagues s'agitent, l'emporte
parfois.
Elle sort la tête de l'eau, respire
à nouveau.
Elle tient bon.
Le silence des autres, absents
laisse place au bercement des vagues.
Elle nage péniblement
Elle a la rage.
Peur ou douleur?
Poitrine en flamme
Vaincre la terreur
Sauver son âme
Elle nage, encore et encore.
Ne surtout pas regarder derrière.
Fermer les yeux
Retenir sa respiration
et.... continuer à avancer
la tête hors de l'eau
sauver sa peau
Aller de l'autre côté
Courageuse, elle fuit
Courageuse, elle vit.
Même si les larmes coulent
Même si sur elle, la mer roule
Elle TIENT
Elle continue son chemin
Comme un marin
Sur la mer de la vie
Elle nage, péniblement
Est-ce ça, sa vie?
Y parviendra-t-elle?
Ouvrira-t-elle enfin ses ailes?
Empêchement
Quand ça résiste
Quand ça persiste
Et pourtant l'eau
coule toujours sur elle
Et lui qui se croit éternel
Lui qui fait le beau
Se pense plus fort
Il a bien tort
Elle, digne, se relève
En elle, circule la sève
La vie
Vis!
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